Comment méditer ?
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Se fixer un cap généreux

Il existe de nombreuses techniques pour méditer. Il y a la posture, avec le dos bien droit et les jambes croisées. Il y a les différents exercices de concentration, sur un objet extérieur ou sur son souffle. Il y a les différents antidotes pour éviter de se laisser engluer dans la torpeur, ou au contraire, de se laisser entraîner par l’agitation. Il y a également différents exercices de visualisation ou de récitation. Toutes ces techniques sont expliquées par le détail dans la plupart des bons ouvrages qui traitent de méditation.

Elles reposent sur une idée principale : choisir un support de concentration sur lequel on reviendra doucement dès que l’on prendra conscience que notre attention a été kidnappé par une pensée, une sensation ou une émotion.

C’est aussi simple que cela.

Pour mieux en comprendre les différences et pour être maîtrisées de façon plus précise, toutes ces techniques méritent d’être patiemment apprises auprès d’un enseignant compétent.

Mais pourtant, aussi précieuses que soient ces techniques, elles ne sont que des techniques. C’est un peu comme en cuisine : la recette ne fait pas la qualité du plat. Ce qui compte, c’est le tour de main du cuisinier et l’amour qu’il y met.

Et il s’agit là d’un point très important : en méditation comme dans toute autre activité, tout dépend de l’intention avec laquelle on s’engage. Puisque les expériences que nous vivons sont le fruit des intentions avec lesquelles on se projette dans la vie, alors il est d’autant plus important pour une activité aussi « spirituelle » que la méditation d’être très conscient des intentions qui nous motivent.

Si par exemple, l’on souhaite méditer par ambition, pour obtenir la médaille du meilleur méditant de la ville ou pour maîtriser une technique d’entraînement mental qui nous aidera à mieux avancer dans notre carrière, alors, il est bien évident que tous les bénéfices profonds de la méditation nous échapperons : nous serons accrochés à notre objectif, et donc, incapables de vivre l’expérience librement.

Pour être sûr d’orienter notre chemin de méditant de la manière la plus fructueuse possible, une des façons les plus simples de procéder, c’est de nourrir le souhait que cette activité nous aide à avoir bon cœur. Par ce simple souhait, nous permettons ainsi à notre chemin de rester ouvert sur les autres et sur le monde, pour le bénéfice de tous.

C’est une expression de notre générosité fondamentale et cela nous aide également à vérifier si nous sommes sur la bonne voie. Est-ce que notre pratique de la méditation nous permet dans la vie courante d’avoir bon cœur ? D’être moins égoïste ? Plus ouvert aux autres, avec générosité et sans arrière-pensées ? Si c’est le cas, alors, nous sommes sur la bonne voie. Si à l’inverse, nous nous sentons de plus en plus tendus, craintifs ou arrogants, alors, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche !

Car si l’intention doit être bonne, il faut également trouver le juste équilibre entre concentration et lâcher prise. Trop de lâcher-prise et notre méditation devient un bavardage intérieur, les idées nous viennent nous les suivons, elles nous débordent, et de loin en loin, nous revenons à notre support de concentration, sans vraiment développer notre attention. A l’inverse, trop de concentration et nous devenons rigides et tendus. Pour trouver le juste équilibre, à chacun sa pratique !

 

Shamatha & Vipassana, deux étapes de la méditation

Si, comme nous l’avons vu précédemment, la méditation est l’espace qui va permettre peu à peu à la sagesse d’émerger, alors pratiquer la méditation doit faciliter cette émergence.
Comment cela ?

Compte tenu de l’agitation et de la confusion intérieure dans laquelle nous sommes plongés au quotidien, la première étape du chemin va tout simplement nous amener à ralentir le processus mental. En sanskrit, cela s’appelle « Shamatha », dont une des traductions pourrait être : « demeurer dans la paix de l’esprit tel qu’il est ».

Grâce à un certain nombre de techniques de concentration, nous allons ainsi réussir à calmer notre esprit, pour passer d’un état de surchauffe mentale à un état de calme intérieur. Le mélange inextricable de pensées, de sensations et d’émotions qui inonde notre espace mental en continu et avec force, va ainsi peu à peu laisser la place à un flux paisible d’éléments mentaux.

A partir de là, une fois retrouvée la paix naturelle de notre esprit, on peut commencer à y voir clair. Notre attention, d’ordinaire dispersée, devient alors beaucoup plus fine et resserrée. Elle devient capable de discerner la nature des éléments mentaux qui nous traversent. Alors, nous devenons en mesure de pratiquer la méditation « Vipassana », que l’on traduit par « vision pénétrante », et qui qualifie le fait de reconnaître les choses telles qu’elles sont, dans leur véritable nature. Au fond, c’est assez naturel : une fois l’agitation retombée, il devient plus évident de voir les choses telles qu’elles sont. De là, avec le temps et la pratique, peut émerger une authentique sagesse.

Imaginons qu’un ami très proche ou un parent qui vous connaît bien, vous fasse, sur un ton anodin, une remarque qui, d’un coup, vous saute au visage. Cette remarque va venir toucher un point très sensible chez vous et pendant plusieurs jours vous allez y repenser. Vous pourrez éprouver de la tristesse, de la colère, de la jalousie, ou tout autre type d’émotion, en fonction de votre sensibilité. Cela va affecter votre sommeil et vous allez en faire quelque chose de très personnel avec cet ami ou ce parent.

De la même manière, imaginons que dans un train, entre deux personnes inconnues, vous soyez témoin de la même remarque. Est-ce que vous vous sentirez aussi concerné ? Est-ce que cela occupera tout votre espace mental ? Est-ce que cela vous empêchera de dormir ? Certainement pas ! Au contraire, vous pourrez observer avec soin les réactions de chacun de deux inconnus du train, comment la tonalité du discours va changer, comment la gestuelle va être différente, etc… Vous verrez sous vos yeux comment se déploie une émotion et toutes ces conséquences, sans en être affecté.

D’une certaine manière, Shamatha et Vipassana permettent de faire ce voyage. Shamatha nous aide à ne plus nous sentir aussi personnellement concerné par les pensées, les sensations ou les émotions qui nous traversent, à ne pas nous laisser embarquer par des spéculations sans fin et à ne pas remâcher les mêmes idées en boucle. Grâce à cette distance et par notre attention, avec Vipassana, nous devenons capables d’en observer le mécanisme. Quelle liberté !

 

Du calme, du calme

Réaliser chacune de ces étapes n’est pas réservé aux méditants des hauts-plateaux himalayens enfermés dans une grotte. Bien sûr, l’intensité de nos vies modernes et les nombreux divertissements qui se présentent à nous, ne sont pas de nature à nous faciliter la tâche. Mais en nous fixant une discipline, nous devenons peu à peu capables de faire face à des situations que nous redoutions.

Et mieux que de se fixer une discipline pour la discipline, il nous faut goûter aux fruits de cette discipline. Notre esprit est rationnel : en lui procurant paix et amour jour après jour, il va naturellement trouver de moins en moins d’intérêt à nos addictions mentales habituelles, et trouver de plus en plus de plaisir à s’asseoir sur un coussin dans une pièce sans bouger, quitte à faire mentir Blaise Pascal.

Alors la méditation devient un mode de vie. Elle ne s’arrête pas aux petits exercices que l’on peut faire le matin avant de partir à l’assaut du monde. Chaque moment de notre vie quotidienne devient une merveilleuse occasion de réactualiser nos pratiques méditatives, de vérifier l’acuité de notre attention, en observant notre capacité à transformer positivement toutes les situations qui se présentent à nous.

 

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